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À propos

Fanny Bouffort est metteure en scène, elle ouvre le théâtre aux grands espaces à l’aide d’objets miniatures, sous des airs sages et dociles, elle réserve des fresques d’images explosives et décomplexées et tente de faire du magistral avec les petits rien de la vie.

Ma démarche artistique s’articule au croisement d’un questionnement philosophique et de la notion de paysage d’objets. Dans mon travail: des mots, des objets glanés, choisis pour leur portée évocatrice, s’associent à l’interprète pour donner corps à une fiction. Avec la plupart du temps, au centre: l’enfant. Il porte en lui ce que l’on a tous et toutes: l’état d’enfance. C’est une entrée universelle qui m’offre la curiosité et la distance suffisante pour interroger le monde.

En composant en direct des tableaux- paysages, véritables décors miniatures ou maquettes, je joue avec les rapports d’échelle, les plans larges et gros plans.

Le choix des objets, la dynamique des manipulations apporte un point de vue, et donne corps au propos. Je m’intéresse au croisement des signes, à l’organisation d’effets qui font sens/sensations et qui interroge aussi. Chacune des créations porte une dimension expérimentale à la croisée de la fiction et de l’expérience, et s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

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Parcours - Bio

Petite, j’ai commencé par danser. Dans le milieu des années 80, je suis tombée dans l’ébullition du tissu associatif, j’y découvre le dessin, la danse contemporaine, puis le théâtre grâce à des gens passionnés et passionnants.

 

Année 2000, arrivée à Rennes après le Bac, je me lance dans l’aventure universitaire dans la section Arts du Spectacle – Théâtre. Je m’intéresse plus particulièrement à l’histoire de l’art, l’analyse filmique et dramaturgique, je goûte avec plaisir à l’aspect théorique et sociologique, je dévore quantité de spectacles, je cours d’ateliers en stages, de créations collectives en bénévolat de festivals…

Pendant cette période bouillonnante, je fais quelques rencontres décisives qui teintent encore ma pratique théâtrâle : Serge Tranvouez, Katja Fleig, Claire Ingrid Cottenceau, Jo Lacrosse, Gyohei Zaitsu…

Je commence à travailler très jeune en compagnie professionnelle, auprès d’une jeune compagnie rennaise (Cie Felmur dirigée par Gweltaz Chauviré). Je découvre les textes contemporains de Fassbinder, Philippe Malone, Sonia Chiambretto, ainsi que le travail d’équipe, la relation à la mise en scène. Petit à petit, mon horizon artistique s’élargie grâce à différentes rencontres avec d'autres metteurs en scènes, je rencontre Marie Bout (Cie Zusvex) qui m’invite à rejoindre son travail sur le théâtre d’objets, bouffon, théâtre burlesque. J’apprends en faisant, dans le concret de la profession et des réalités du terrain.

 

Ainsi, mon parcours oscille entre créations au sein de jeunes compagnies et formation continue. Je suis une interprète curieuse et à l’écoute de mes besoins, je construis au long cours ma comédienne, profitant de multiples stages AFDAS pour développer mes propres outils. Je me dirige surtout vers des formations chorégraphiques pour travailler ma comédienne en lien avec les notions de présences corporelles. La danse buto est une rencontre forte dans mon parcours de formation, je me forme pendant plusieurs années auprès de Mitsuyo Uesugi, Yumi Fujitani, Carrey Jeffreys puis Gyohei Zaitsu .

 

Je suis aussi très attachée au texte théâtral, et j’assiste aux premiers balbutiements de textes adressés spécifiquement au jeune public auprès de Sylvain Levey, ainsi que de jeunes auteurs contemporains audacieux, tel quel Simon Diard, qui défendent avec engagement de nouvelles formes de littérature théâtrale. Je me forme aussi à la mise en scène grâce à des ateliers de création au Théâtre du Cercle à Rennes, où différents projets de création collectives ont vu le jour.

 

2013, voilà dix ans que je suis comédienne, et mon parcours prend alors un virage. Riche de toute cette expérience d’interprète, je décide de mener un premier projet de mise en scène, en questionnant ma propre recherche, croisant le texte, l’objet et le corps et en me plaçant au cœur des problématiques de production et diffusion.

 

Ma première création 20 à 30 000 jours voit le jour en octobre 2015 à Rennes dans le cadre du Festival Marmaille. Ce spectacle se situe à la croisée du récit, du théâtre d’objets ou paysage d’objets et est fondateur dans ma démarche, il me permet d’explorer librement mais aussi de borner mon terrain de recherche, et de m'adresser à tous les publics.

 

L’Appel du dehors ma deuxième création sort en octobre 2019, elle est largement soutenue par des lieux et institutions en Bretagne et rayonne petit à petit au niveau national dans des salles et festivals à la fois référencés dans le jeune public et le théâtre d’objets. Mon travail s'affirme dans une recherche autour de la notion de paysages d'objets, s'appuyant encore une fois sur une écriture théâtrale forte et singulière.

 

Ces deux premières créations sont le fruit d’une collaboration étroite avec Lillico, scène conventionnée Art, Enfance et Jeunesse à Rennes, qui m’a proposé de m’accompagner en production déléguée.

 

Cette expérience m’a formée et m'a fait découvrir les méandres du travail souterrain en production, en me délestant de ses complexités opérationnelles. Je ressors forte de cette expérience, et mature sur ces questions de production.

 

Cette expérience aux côtés de Lillico m’ancre dans une exigence où la dimension artistique est matière première pour mettre des mots et me définir en tant qu’artiste.

Je rejoins en 2024 le collectif 16 rue de Plaisance, constituté de 4 artistes à la croisée du spectacle vivant et des arts plastiques : Benoît Sicat, Gwenaëlle Rebillard et les frères Pablov.

 

Mon parcours d’artiste se construit à l’intuition, avec une attention exigeante portée sur la justesse et l’authenticité de mes choix, dans le but d’assurer la mise en place de ce travail dans de bonnes conditions. Et bien sûr, avec au centre une grande envie de créer et de partager mon travail artistique avec le plus grand nombre des plus jeunes aux plus aguerris. C’est un moyen pour moi, de me positionner dans la société, de défendre un point de vue sur des questions existentielles et de les partager pour faire naître le débat.

 

Fanny Bouffort

Août 2024

Démarche Artistique

*Fiction| Récit
Mon travail démarre toujours par un coup de coeur pour un texte. J’aime les histoires fortes et qui proposent un vrai espace à l’acteur. La plupart du temps, il s’agit de récits courts. L’enfant est souvent au centre de ces fictions, il en est souvent le héros. Il porte en lui ce que l’on a tous : l’état d’enfance. Il m’offre la curiosité et la distance suffisante pour interroger le monde. Les textes que je choisis ne sont pas toujours écrits spécifiquement pour le jeune public, ce qui m’intéresse c’est de trouver le chemin vers le jeune public. C’est un public qui me fait travailler.


*Tête chercheuse
Chacune des créations que j’envisage porte une dimension expérimentale à la croisée de la fiction et de l’expérience, et qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes.
Mon parcours d’études théâtrales m’a formée à la recherche, j’aime me documenter, raisonner, écrire, démontrer, j’aime farfouiller dans les rayonnages des bibliothèques. Je m’appuie sur ces recherches « théoriques » pour inventer la poésie des images. J’aime rendre sensible un concept, une question philosophique.

 

*Travail sur la parole
Pendant plusieurs années, je me suis formée à la danse buto, cette pratique m’a construite en tant que comédienne. Je fais un véritable parallèle entre mon rapport à la parole et cette pratique qui me fait travailler sur la notion de présence, de réactivité et d’intensité, « prête à tout ».
Avec les mots, je travaille spécifiquement sur la notion de vitesse, la relation au présent. Pour moi, l’émotion parvient au spectateur par le biais de la technique, et non pas de l’affect de l’acteur. Au fur et à mesure du travail, je construis une sorte de partition libre avec les mots et les sons, je tiens à styliser le rapport à la parole, qui me semble indispensable sur un plateau, pour créer une distance, une écoute, une attention, et même parfois un effet spécial, qui interroge et tient le spectateur aux aguets, en attention.


* Installation d’objets : paysages miniatures
Ma relation au théâtre d’objet est de l’ordre de l’installation de paysages miniatures, paysages d’objets. Je ne donne pas vie aux objets, je ne les anime pas. Le vivant se situe chez l’acteur. L’acteur est mis en situation dans ce décor miniature, vu d’en haut. En contraste avec les miniatures, un effet « Gulliver » se profile. Un corps trop grand tente de s’intégrer à ce tableau, le façonne et le bouscule.
J’aime perturber les repères, que ce soit dans les rythmes du montage, les effets magiques d’où les objets bougent seuls (manipulation à distance avec fils) ou dans les rapports d’échelles étranges. On met ainsi les spectateurs en alerte vis-à-vis de ces erreurs, de ces incohérences. J’aime que le regard du spectateur soit actif.
Dans mon travail, l’objet est dans un premier temps considéré avec ses propriétés figuratives et narratives, puis évolue dans des installations plus abstraites et graphiques (formes et aplats de couleurs).

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